La Commission européenne a lancé le 5 mars la stratégie Europe 2020 pour sortir de la crise et préparer l’économie de l’UE pour la décennie à venir.

La Commission distingue trois grands moteurs de croissance, à mettre en œuvre aux niveaux européen et nationaux au moyen d’actions concrètes:

 une croissance intelligente (promouvoir la connaissance, l’innovation, l’éducation et la société numérique),

 une croissance durable (rendre notre production plus économe en ressources tout en dopant notre compétitivité)

 et une croissance inclusive (renforcer la participation au marché du travail, l’acquisition de compétences et la lutte contre la pauvreté).

Cette bataille pour la croissance et l’emploi requiert une appropriation aux échelons politiques les plus élevés et la mobilisation de toutes les parties prenantes en Europe. Cinq objectifs ont été fixés en vue de définir la place qui devrait être celle de l’UE d’ici 2020 et à l’aune desquels les progrès peuvent être mesurés.

Le président Barroso a déclaré: «Europe 2020 énonce ce qu’il nous appartient de faire aujourd’hui et demain pour remettre l’économie de l’UE sur les rails. La crise a mis en relief des questions fondamentales et des tendances non viables que nous ne pouvons plus nous permettre d’ignorer. L’Europe connaît un déficit de croissance qui met notre avenir en péril. Il nous faut résolument surmonter nos faiblesses et exploiter nos forces, qui sont nombreuses. Nous devons bâtir un nouveau modèle économique fondé sur la connaissance, une économie sobre en carbone et des taux d’emplois élevés. Cette bataille doit mobiliser l’ensemble des intervenants en Europe».

Avant toute chose, l’Europe doit tirer les leçons de la crise économique et financière mondiale. Nos économies sont intrinsèquement liées. Aucun État membre n’est en mesure de relever efficacement à lui seul les défis mondiaux. Nous sommes plus forts en agissant de concert et une sortie de crise réussie dépend en conséquence d’une coordination étroite de nos politiques économiques. Faute de quoi, il pourrait nous en coûter une «décennie perdue», caractérisée par un déclin relatif, une croissance constamment en berne et des niveaux de chômage structurellement élevés.

La stratégie Europe 2020 expose par conséquent une vision de l’économie sociale de marché européenne pour la décennie à venir et repose sur trois secteurs prioritaires interdépendants et se renforçant mutuellement: une croissance intelligente, en développant une économie fondée sur la connaissance et l’innovation; une croissance durable, en promouvant une économie sobre en carbone, économe en ressources et compétitive; une croissance inclusive, en encourageant une économie à fort taux d’emploi favorisant la cohésion sociale et territoriale.

Les progrès accomplis dans la réalisation de ces objectifs seront mesurés à l’aune des cinq grands objectifs représentatifs de l’UE, que les États membres seront invités à convertir en objectifs nationaux en partant des postulats suivants:

  75 % de la population âgée de 20 à 64 ans devrait avoir un emploi;

  3 % du PIB de l’UE devrait être investi dans la R&D;

  les objectifs dits «20/20/20» en matière de climat et d’énergie doivent être atteints;

  le taux d’abandon scolaire devrait être ramené au-dessous de la barre des 10 % et au moins 40 % des jeunes générations devraient obtenir un titre ou un diplôme;

  il conviendrait de réduire de 20 millions le nombre de personnes menacées par la pauvreté.

Pour réaliser ces objectifs, la Commission propose une stratégie Europe 2020 consistant en une série d’initiatives phares. La mise en œuvre de ces initiatives est une priorité commune et des mesures devront être prises à tous les niveaux: organisations européennes, États membres et autorités locales et régionales.

  Une Union de l’innovation: remettre l’accent de la politique en matière de R&D et d’innovation sur les grands défis, tout en réduisant le fossé qui existe entre la science et le marché, afin de transformer en produits les inventions. Le brevet communautaire pourrait ainsi faire économiser 289 millions d’euros à nos entreprises chaque année;

  Jeunesse en mouvement: renforcer la qualité et l’attractivité internationale du système d’enseignement supérieur européen en promouvant la mobilité des étudiants et des jeunes en début de carrière. Exemple d’action concrète: les offres d’emplois de tous les États membres devraient être plus accessibles dans toute l’Europe, tandis que les qualifications et l’expérience professionnelles gagneraient à être reconnues à leur juste valeur;

  Une stratégie numérique pour l’Europe: garantir des bénéfices économiques et sociaux durables grâce à un marché numérique unique basé sur l’Internet à très haut débit. Tous les Européens devraient avoir accès à l’Internet à haut débit d’ici 2013;

  Une Europe économe en ressources: soutenir le passage à une économie sobre en carbone et économe en ressources. L’Europe devrait tenir ses objectifs de 2020 en matière de production et de consommation d’énergie, ainsi que d’efficacité énergétique. La facture de nos importations de pétrole et de gaz devrait ainsi diminuer de 60 milliards d’euros d’ici 2020;

  Une politique industrielle pour une croissance verte: favoriser la compétitivité de l’assise industrielle de l’UE après la crise mondiale, promouvoir l’entreprenariat et développer de nouvelles compétences. Des millions de nouveaux emplois pourraient ainsi être créés;

  Une stratégie pour les nouvelles compétences et les nouveaux emplois: créer les conditions propices à la modernisation des marchés du travail dans le but d’améliorer les taux d’emploi et de garantir la viabilité de nos modèles sociaux, à l’heure où les enfants du baby-boom prennent leur retraite, et

  Une plateforme européenne contre la pauvreté: garantir une cohésion économique, sociale et territoriale en aidant les personnes en situation de pauvreté et d’exclusion sociale et en leur permettant de participer activement à la société.

Europe 2020 a pour vocation de faire en sorte qu’initiatives et responsabilités soient désormais prises à un échelon nouveau. La Commission invite les chefs d’État et de gouvernement à faire leur cette nouvelle stratégie et à l’adopter lors du Conseil européen de printemps. Le rôle du Parlement européen sera également renforcé.

Les méthodes de gouvernance seront consolidées pour garantir que les engagements se traduisent en actions efficaces sur le terrain. La Commission suivra les progrès accomplis. Dans un souci d’améliorer la cohérence, les rapports et évaluations concernant Europe 2020 et le Pacte de stabilité et de croissance (PSC) seront réalisés simultanément (tout en demeurant des instruments distincts), ce qui permettra à ces deux stratégies de poursuivre des objectifs de réforme similaires tout en conservant leur identité propre.
Plus d’information : http://ec.europa.eu/eu2020/index_fr.htm

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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