Ne plus lutter contre l’eau, mais vivre avec elle et s’en servir comme élément principal d’ un habitat durable, tel est l’objectif du projet de cité flottante « Het Nieuwe Water  » aux Pays-Bas

Série: « le boom des écohabitats du futur » (2)

L’eau est pour le moins un élément familier aux habitants des Pays-Bas. Maîtriser au mieux l’impact des marées, construire digues et polders est un enjeu quotidien. Alors rien de surprenant à ce que soit conçu dans cet environnement, un projet de cité flottante. Plutôt que lutter indéfiniment contre l’infiltration de l’eau dans la terre, il s’agit de s’en servir, et d’en tirer parti. Telle est la philosophie du projet « Het Nieuwe Water » ou « new water » conçu par Koen Olthuis, au sein du cabinet d’architecture néerlandais Waterstudio . Cette cité flottante portera sur une zone de 70 ha environ, comprenant 1200 logements, et verra le jour entre 2010 et 2015.

Construite sur ce qui est aujourd’hui un polder, le niveau de l’eau sera volontairement par endroit augmenté à hauteur de poitrine afin de faire de de cette zone une réserve d’eau pour la région. L’ensemble est conçu dans un esprit de développement durable. « C’est le principal enjeu. Si vous vous arrêtez de pomper l’eau dans un polder, en 48 heures celui-ci a 30 a 60 cm d’eau. L’idée est de contourner ce problème ; d’épouser la nature au lieu de lutter contre. Nous voulons parvenir à des projets de construction sur l’eau qui présentent le même confort, les mêmes avantages que des bâtiments classiques situés sur terre, voire mieux », explique l’architecte.

Un premier type d’habitat baptisé la Citadelle verra le jour autour de 60 appartements, avec jardins en terrasse, garages, « routes flottantes », et appontement pour bateaux, sur le principe de maisons flottantes, le tout entouré d’eau. Water Studio a déposé un brevet de “ fondations flottantes” en béton et mousse qui montent et descendent sur des pilônes, au gré du niveau d’eau. Un effort particulier est mené en termes d’efficacité énergétique. Ce projet permet d’utiliser 25 % en moins d’énergie que les bâtiments classiques construits sur la terre ferme, en utilisant les propriétés de l’eau notamment dans le système de chauffage et de refroidissement. Des terrasses végétales et des serres jouant un rôle de régulateur.

Ecologiques et surprenants, les programmes d’habitation de « new water » seront organisés autour de plusieurs thématiques, chacune offrant une expérience spécifique avec l’eau. Il en est ainsi des « stilthouses », sorte de maisons sur pilotis qui elles seront installées dans des zones de polder sèches mais susceptibles d’être inondées, ce qui ne gênera en rien l’habitation puisque elles auront été conçues pour cela et seront rejointes par un pont venant de la digue.

L’idée de développement durable est encore plus importante sur l’eau. Les émissions doivent être nulles, il faut utiliser des sources d’énergie comme le soleil, le vent, les vagues. « Et le challenge le plus important est socio-économique, expliquer aux citoyens, aux habitants que les cités flottantes sont une prochaine étape dans le développement urbain de demain dans une optique de respect de l’environnement et du paysage » poursuit cet architecte.

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Au sujet de Estelle Leroy

Estelle Leroy-Debiasi est journaliste professionnelle, Diplômée en Economie, ex rédactrice en chef du quotidien économique La Tribune. Elle contribue régulièrement au site ElCorreo, site de la diaspora latinoamericaine.

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