Au cours du second jour du procès, mardi 16 juin, le magistrat Louis Joinet ,ex-doyen des enquêteurs de l’ONU, a fait une démonstration magistrale sur les notions de confidentialité et de transparence

Le procès de la journaliste Florence Hartmann, accusée d’outrage à la Cour, a été suspendu mercredi 17. Il se poursuivra le 1er juillet, a-t-on appris auprès de la défense.

Le procès, qui s’était ouvert lundi, « reprendra le 1er juillet avec la poursuite de l’audition d’un témoin de la défense », a déclaré l’un de ses avocats Guénaël Mettraux. »Le tribunal devrait ensuite entendre le réquisitoire du procureur et les plaidoiries de la défense », a-t-il précisé.

Après la journée de lundi 15 juin essentiellement consacrée à des arguties sur les documents recevables et aux témoignages appelés par l’accusation, l’audience de mardi 16 fut consacrée à l’audition de Louis Joinet, (http://www.alliance21.org/2003/auteur554.html) appelé par la défense à préciser quelques points de droit international particulièrement pointus.

Ce fut une démonstration magistrale :

1 – Si le Tribunal est fondé à déclarer certaines pièces confidentielles, cette confidentialité ne peut pas porter sur la décision. Celle-ci doit au contraire être publique de façon à ce que puisse s’exercer le contrôle de la légalité, autrement dit que le bien fondé de cette décision puisse faire l’objet d’un débat « sinon, on est dans une justice secrète. »

2 – Lorsqu’il y a conflit entre deux différents droits fondamentaux (NDLR par exemple la liberté d’expression et la protection de pièces du dossier), les restrictions qui peuvent être appliquées à l’un des deux droits doivent respecter le principe de la proportionnalité. Toute limitation ne peut être donc qu’exceptionnelle, et doit toujours respecter ce principe entre le but à atteindre et le moyen employé.

3-La vocation du Tribunal c’est d’établir la vérité donc toute son action doit être mesurée à l’aune de cette révélation de la vérité. Autrement dit le Tribunal ne devra sa crédibilité qu’à la totale transparence de son action.

4 – Enfin, répondant au procureur Mc Farlane qui rappelait le droit du Tribunal à mettre en oeuvre ses propres décisions, Monsieur Joinet a rappelé que « le juge est compétent sous réserve du contrôle de ses pairs ». Les arguments clairs et précis de Louis Joinet ont tout le long de l’audience imposé le respect à l’auditoire et aux juges.

Au sujet de Yan de Kerorguen

Ethnologue de formation et ancien rédacteur en chef de La Tribune, Yan de Kerorguen est actuellement rédacteur en chef du site Place-Publique.fr et chroniqueur économique au magazine The Good Life. Il est auteur d’une quinzaine d’ouvrages de prospective citoyenne et co-fondateur de Initiatives Citoyens en Europe (ICE).

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