Interview de Denis Ettighoffer, auteur de « Netbrain, Les batailles des Nations Savantes » aux éditions Dunod.

Vous parlez dans vos ouvrages du conflit entre le temps économique et les temps sociaux.

Sous la pression du temps économique, nous sommes des millions d’individus obligés de réduire le temps de la relation sociale. Or ce temps n’est pas improductif, puisqu’il permet d’éliminer du stress, de recharger des batteries, de dialoguer avec les collègues, d’échanger des idées. Si on élimine ces temps de pause, on court le risque de devenir agressif ou de manquer de motivation. Or on sait qu’une entreprise où règne la bonne humeur travaille mieux qu’une entreprise ou l’ambiance est insupportable.

Le temps passé n’est donc pas un critère économique ?

Ce n’est pas la quantité de travail qui doit primer mais la qualité. A l’heure de l’immatériel, on ne peut plus payer les gens au temps passé, mais au résultat et à l’objectif. Dans le domaine de la créativité, par exemple chez les ingénieurs, elle ne peut se mesurer qu’aux résultats. Certains vont continuer à améliorer la production par petits progrès. D’autres ont la capacité de ramasser les idées et de créer de la valeur très vite.

Ce n’est donc pas un indicateur pertinent ?

En France plus qu’ailleurs, on a l’obsession de la productivité à cause du coût du travail. Mais, c’est un indicateur parmi d’autres. Cessons d’en faire une obsession. Il y a des gisements autres que celle du travail. Au lieu de faire la chasse à la productivité, faisons la chasse aux frais généraux, c’est bien plus rentable. En matière de performance globale, ce n’est plus la quantité de travail qui prime mais la qualité de l’organisation et des échanges entre les organisations.

Peut-on la calculer?

Difficile car de même qu’il existe des coûts cachés dans l’entreprise, il existe de la productivité cachée. Quand on a inventé les 35 heures, les gens ont continué à travailler en moyenne deux ou trois heures de plus. Le coût de la RTT a été « payé » par cette productivité caché et par le gel des rémunérations. Tout cela ne se voit pas sur la masse salariale. En fait, il y a dans le monde du travail des phénomènes de files d’attente et de coup d’accordéon.

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