Thérèse arbore un tee-shirt noir sur lequel on peut lire « Assos en danger », ecrit en couleur rouge sang. Un point d’exclamation dans un triangle complète le graphisme du vêtement. Le message se veut fort. Il l’est. Depuis 3 ans et la victoire de Jacques Chirac aux élections présidentielles, le monde associatif ne se porte pas très bien. Dixit des associations qui se sont regroupées dans un collectif.

Baisse des financements

Au départ, ce sont des structures du XIè arrondissement qui, alertées par l’une d’entre elles – Belleville insolite – qui doit faire face à de graves problèmes financiers – elle a, depuis, déposé le bilan -, s’organisent pour mettre en place un parcours des associations en danger du XIè. Des élus s’y rendent. Un contact est pris avec d’autres associations de l’Est parisien. Le collectif « assos en danger » est lancé. « Entre l’arrêt du dispositif « emploi-jeune » ou le non renouvellement des financements, la diminution des subventions notamment dans les quartiers, l’Etat privilégiant le bâti par rapport à l’action sociale, et la difficulté de décrocher des subventions de fonctionnement, les associations font face à des problèmes de plus en plus importants. Et pourtant, elles remplissent des missions de service public que l’Etat ou les collectivités ne remplissent plus », explique Florence, membre du collectif.

Ce dernier comprend, aujourd’hui, plusieurs dizaines de structures, qui ne veulent pas être citées. « Nous ne souhaitons pas personnaliser ce combat. De plus, dans un autre collectif, en Seine-Saint-Denis, des associations ont eu des problèmes », précise Florence. Pour autant, le collectif multiplie les actions : un rassemblement devant le ministère de la Cohésion sociale donne lieu à une rencontre improvisée avec un membre de l’équipe de Jean-Louis Borloo. « Ca n’a rien donné », regrette Florence.

En octobre dernier, une mobilisation d’une soixantaine de structures répertoriant leurs difficultés est organisée à la Maison des métallos, scène culturelle, numérique et citoyenne du XIè arrondissement.

Mobiliser

Aujourd’hui, le collectif appelle de ses voeux la tenue d’une table ronde réunissant l’Etat, les communes, la région, le Fasild, etc. « Sur la question du financement, chacun se renvoie la balle », déplore Thérèse, autre membre du collectif, assez sceptique sur la réussite d’une telle entreprise. Reste que le collectif joue un rôle d’unification non négligeable. « On se sent plus fort à plusieurs ; on ne reste pas seul dans notre coin à ressasser nos problèmes. Par ailleurs, on parvient plus facilement à attirer l’attention », affirme Thérèse. Attirer l’attention, peut-être. Convaincre de l’intérêt d’un tel combat, pas sûr. « Au Forum des associations qui a eu lieu sur le parvis de l’Hôtel de ville à la rentrée 2004, certaines associations nous ont montré de l’hostilité », poursuit la militante.

Et pour cause : la diversité du monde associatif et des visions de son fonctionnement, beaucoup d’entre elles ne faisant appel qu’à des bénévoles, mais aussi leur mise en concurrence via les appels à projet notamment, ne facilitent pas le maillage et la solidarité.Quant à l’opinion publique, elle semble peu encline à se mobiliser sur cette question.

Fragiliser la démocratie

Bref, aujourd’hui, le monde associatif se retrouve face à un questionnement de fond sur son modèle économique, son rapport aux institutions, sa dépendance financière, ses missions de service public – insertion, lien social, etc. – non rentables par définition. Et pourtant, le collectif en est certain : « mettre à mal les associations, c’est mettre à mal l’engagement des citoyens, leur attachement à la vie démocratique, leur participation active à la vie de la cité… et c’est bien évidemment fragiliser la démocratie ».

Au sujet de Anne Dhoquois

Anne Dhoquois est journaliste indépendante, spécialisée dans les sujets "société". Elle travaille aussi bien en presse magazine que dans le domaine de l'édition (elle est l'auteur de plusieurs livres sur la banlieue, l'emploi des jeunes, la démocratie participative). Elle fut rédactrice en chef du site Internet Place Publique durant onze ans et assure aujourd'hui la coordination éditoriale de la plateforme web Banlieues Créatives.

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